Les dimensions les plus reconnues sont également nommées les « six piliers de la santé », soit : l’alimentation, la gestion du stress, l’activité physique, la réduction des comportements toxiques ou de dépendance, le sommeil réparateur et les relations sociales positives.
À ceux-ci s’ajoute parfois un 7e pilier : la nature. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vos patients, vos stagiaires, votre entourage et vous-même sembliez de meilleure humeur en été? C’est notamment parce que la journée dure plus longtemps à cette période et que la plupart des gens profitent du beau temps pour s’adonner à de nombreuses activités extérieures. En effet, de plus en plus d’études démontrent qu’un contact significatif avec la nature de deux heures par semaine, par tranches d’au moins 20 minutes, est bénéfique pour le moral et la santé (Prescri-Nature, n.d.; Tremblay, 2022).
Au Canada, deux initiatives s’intéressent particulièrement à l’effet de la nature sur la santé en général : Prescri-Nature au Québec et PaRx en Colombie-Britannique. Ces initiatives sont soutenues par de nombreux partenaires, dont certains ordres professionnels régionaux et nationaux, ainsi que plusieurs universités. Les programmes Prescri-Nature et PaRx consistent à prescrire au patient une exposition à la nature, de la même façon qu’on lui prescrirait un traitement pharmacologique (Reeves, cité par Durand, 2023; Tremblay, 2022).
EFFETS DE LA NATURE
sur la santé
Pour pouvoir intégrer la nature à vos interventions comme professionnel, mais aussi présenter ce concept à vos stagiaires, il faut d’abord comprendre ses effets sur la santé, tant pour les adultes que pour les enfants. En voici quelques-uns :
LES ADULTES ET LES PERSONNES ÂGÉES
Effets sur le bien-être
Être exposé à la nature influence positivement la perception d’un individu envers sa santé, son bien-être et son bonheur, et réduit l’anxiété et le stress (Hansen et al., Timko-Olson et al., cités dans Muro et al., 2023; Morita et al., cités dans Jimenez et al., 2021; Reeves, cité dans Durand, 2023).
Effets sur la santé cardiovasculaire
Passer du temps entouré d’espaces verts réduirait le risque de développer du diabète, des maladies cardiaques, des incidents vasculaires cérébraux, et du surpoids (Hansen et al., Li et al., Wen et al., Yau et Loke, cités dans Muro et al., 2023; Reeves, 2023). Marcher ou relaxer en forêt un peu plus de quatre heures par semaine ferait également baisser la tension artérielle (Reeves, cité dans Durand, 2023).
Effets sur la cognition
Une courte marche dans un parc plutôt que dans une rue urbaine permettrait d’améliorer la cognition, notamment la mémoire et la concentration (Hansen et al., cités dans Muro et al., 2023; Kaplan, cité dans Jimenez et al., 2021; Reeves, cité dans Durand, 2023; Schertz et Berman, cités dans Weir, 2020). Une randonnée de quatre jours en forêt permettrait également d’augmenter la créativité de 50 % (Atchley et al., 2012). De plus, la pratique régulière du jardinage atténue les symptômes de démence (Gonzalez et Kirkevold, Murroni et al., cités dans Ainamani et al., 2022).
Effets sur la santé pulmonaire et immunitaire
Les arbres ayant des propriétés purifiantes, la qualité de l’air en forêt est bien meilleure qu’en milieu urbain. Le taux de pollution dans l’air est moins élevé, ce qui a un effet positif sur l’asthme et les affections des voies respiratoires inférieures (Hansen et al., cités dans Muro et al., 2023; Lear, 2020; Vienneau et al., cités dans Jimenez et al., 2021). Le système immunitaire est quant à lui renforcé (Hansen et al., Wen et al., cités dans Muro et al., 2023; Li, cité dans Roviello et Roviello, 2021).
Effets sur les soins oncologiques
Des études démontrent que les espaces verts peuvent être associés à une réduction des risques des cancers de la prostate, de la bouche, de la gorge, de la peau non-mélanome et du sein (Datzmann et al., Demoury et al., Iyer et al., James et al., cités dans Jimenez et al., 2021). Cela permet aussi d’améliorer la résilience des patients atteints de cancer pour faire face au diagnostic et aux traitements (Blaschke, 2017), et aide au rétablissement physique et psychologique (Timko Olson et al., 2023).
LES ENFANTS
Effets sur la grossesse et la naissance
Les femmes enceintes qui passent du temps en nature sont généralement moins stressées, car elles font plus d’exercice, ont plus d’interactions sociales, dorment mieux et évoluent dans un environnement plus sain autant au niveau de la pollution que du bruit (Markevych et al., cités dans Akaraci et al., 2022). De plus, les futures mères vivant près d’espaces verts présentent moins de risque de complications, comme le diabète gestationnel, l’accouchement prématuré ou la prééclampsie, durant de la grossesse (Choe et al., Liao et al., Qu et al., Zanini et al., cités dans Toda et al., 2022; Hystad et al., cités dans Tian et al., 2022). Leurs bébés naîtront également avec un poids plus sain (Fong et al., cités dans Jimenez et al., 2021; Hystad et al., cités dans Tian et al., 2022).
Effets sur la santé mentale
Selon certaines études, habiter près d’un parc ou d’une forêt durant l’enfance augmente la résilience face au stress et réduit les risques de troubles psychiatriques (dépression, troubles de l’humeur, etc.) à l’adolescence et à l’âge adulte (Engemann et al., cités dans Weir, 2020; Wang et al., cités dans Jimenez et al., 2021). Cela est aussi bénéfique aux compétences socioémotionnelles de l’enfant, qui aura tendance à interagir et à collaborer davantage avec autrui (Maynard et al, cités dans Kuo et al., 2019; Scott et al., cités dans Jimenez et al., 2021). Les enfants qui participent à des activités en nature ont une meilleure estime d’eux-mêmes (Barton et al., 2012) et sont plus confiants de réaliser de nouvelles activités (Sheldrake et Reiss, 2019). En effet, « Chaque jour supplémentaire passé dans un parc par semaine augmente la résilience des enfants face au stress » (Razani et al., 2019).
Effets sur le développement
Habiter ou être scolarisé près d’espaces verts visibles aurait un impact sur la taille des zones cérébrales responsables de la mémoire et de l’attention et favoriserait le développement cognitif chez l’enfant, notamment en ce qui a trait aux fonctions exécutives, la mémoire, la concentration, et la créativité (Berman et Schertz, cités dans Weir, 2020; Bundy et al., Li et Sullivan, cités dans Kuo et al., 2019; Dadvand et al., 2018; Flouri et al., 2019). Le contact avec la nature est aussi bénéfique pour l’autodiscipline et le contrôle des impulsions (Amoly et al., Faber Taylor et al., cités dans Kuo et al., 2019), et permet d’augmenter le niveau d’engagement et de motivation chez l’enfant (Alon et Tal, Lekies et al., Skinner et Chi, cités dans Kuo et al., 2019).
Effets sur les allergies et l’asthme
Selon certaines études, la biodiversité créée par un espace vert pourrait agir comme facteur de prévention face aux maladies inflammatoires, aux allergies et à l’asthme (Dong et al., Paciência et al., cités dans Zednik et Pali-Schöll, 2022; Hanski et al., Ruokolainen et al., cités dans Jimenez et al., 2021). De plus, grandir près d’un espace vert améliore la capacité pulmonaire jusqu’à l’âge adulte (Fuertes et al., 2020).
Effets sur le poids santé et le niveau d’activités
Les enfants qui demeurent près d’un espace vert démontrent un plus haut niveau d’activité physique et sont donc plus susceptibles de satisfaire aux recommandations quotidiennes en termes d’activité physique (Coombes et al., cités dans Jimenez et al., 2021). Il a même été démontré qu’un enfant qui passe 20 minutes dans un espace vert pourrait avoir un niveau d’activité physique jusqu’à cinq fois plus élevé que celui d’un enfant non exposé (Almanza et al., cités dans Jimenez et al., 2021). Cela serait aussi associé à des risques réduits d’obésité selon certaines études (Cleland et al., cités dans Jimenez et al., 2021; Pereira, 2019).
CONSEILS
pratiques
- Des feuillets d’information sont disponibles sur les sites de Prescri-Nature (en français) et de PaRx (en anglais). Ils présentent succinctement les bénéfices de la nature et des conseils pour tirer le meilleur parti du temps passé en nature.
- Fournissez aux patients une prescription écrite, puisque c’est plus efficace qu’un conseil verbal (Swinburn, cité par Prescri-Nature, n.d.).
- Personnalisez la prescription selon le lieu de résidence du patient (Prescri-Nature, n.d.). Vous pouvez, par exemple, lui indiquer les activités en plein air à proximité.